Dans mon atelier, les livres ne sont pas seulement des objets de lecture ; ils deviennent le support de mes créations artistiques. Certains pourraient voir cela comme un acte de destruction, mais c’est en réalité un moyen de leur offrir une nouvelle vie et de leur redonner une place dans le monde contemporain. Mes dessins s’inscrivent sur des pages de livres anciens, souvent destinés à l’oubli, mais qui trouvent une nouvelle dimension en intégrant mon art. Voici pourquoi et comment je choisis ces livres et les pages sur lesquelles je dessine.
Comment je choisis mes livres ?
La sélection des livres est une combinaison de recherche active et de découvertes imprévues. J’explore les marchés aux puces, brocantes, et librairies d’occasion, et il m’arrive aussi de trouver des livres abandonnés au détour d’un voyage. Ces ouvrages anciens, usés et parfois négligés, conservent souvent une valeur historique, littéraire ou culturelle.
Je ne me limite pas aux classiques : certains livres sont des monuments de la littérature, d’autres sont plus modestes ou même dépassés, mais restent fascinants par ce qu’ils révèlent d’une époque, d’un état d’esprit ou d’un savoir. Chaque livre sélectionné porte en lui un fragment du passé, qu’il soit encore pertinent ou obsolète.
Pourquoi découper des livres ?
Découper un livre peut sembler radical, mais c’est une manière de préserver et de mettre en lumière des ouvrages qui, autrement, seraient voués à disparaître. En les réutilisant, je les transforme en supports d’expression artistique, donnant à ces textes une nouvelle place dans le monde actuel. Ce geste me permet aussi de revisiter des écrits oubliés et de les ramener dans une discussion contemporaine.
Ces livres sont ainsi valorisés autrement, exposés sous un nouvel angle qui incite le public à redécouvrir des récits anciens. Loin d’être sacrifiés, ils deviennent des supports pour interroger le passé, revisiter les idées, et confronter ce qui était perçu comme vrai à une époque. Chaque page rappelle que les idées évoluent et que les vérités d’hier ne sont pas éternelles.
Comment je choisis les pages sur lesquelles je dessine ?
Le choix des pages est un acte réfléchi. Je feuillette le livre, lis des extraits, et sélectionne en fonction du contenu, de la texture ou de l’aspect visuel des pages. Certaines m’attirent par leur état, leur couleur ou simplement par une phrase qui entre en résonance avec mon dessin. Ce choix permet de créer un dialogue entre le texte et l’image.
Ces pages ajoutent une profondeur supplémentaire à l’œuvre, rappelant un contexte historique ou une pensée qui peut sembler dépassée aujourd’hui. Cela invite à prendre du recul sur l’évolution des idées et des croyances, et à comprendre que toute vérité est relative.
Les livres, entre passé et présent : une réflexion sur des idées éphémères
Les textes de certains livres anciens restent étonnamment et parfois tristement d’actualité. A contrario, d’autres semblent déconnectés de notre époque. C’est cette dualité qui les rend intéressants : ils témoignent de l’évolution des idées et des croyances. Les utiliser, c’est rappeler que ce qui était accepté hier ne l’est plus forcément aujourd’hui, et qu’il est essentiel de comprendre le chemin parcouru.
Ces ouvrages nous montrent que les vérités sont changeantes et que les croyances ne sont pas toujours fondées. En intégrant ces pages dans mes dessins, je souligne ce dialogue entre passé et présent, et j’invite le spectateur à se confronter à l’idée que rien n’est figé, tout peut être réinterprété.
En choisissant de dessiner sur ces livres, je ne les détruis pas ; je les transforme en quelque chose de nouveau, je les fais vivre d’une autre manière. Chaque œuvre est une invitation à découvrir ou redécouvrir des textes qui méritent d’être relus, réévalués, et parfois remis en question. Loin d’être sacrifiés, ces livres deviennent des partenaires de mon travail, des supports qui, tout en étant dépassés ou actuels, continuent de raconter l’histoire de nos croyances et de nos vérités.
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